Publié le 7 novembre 2023, à propos de Mamfe, 6 novembre 2023
Il m’a fallu 24 heures pour pouvoir écrire ce message. J’étais engourdie par le choc hier matin en voyant les images de Mamfe.
Le plus rageant, c’est de voir, à quelques centaines de kilomètres de cette tragédie, les détenteurs de l’autorité, ceux à qui nous avons délégué notre pouvoir, DANSER, célébrer leurs privilèges. Ces mêmes personnes viennent dire à ceux qui pleurent et enterrent leurs morts que 41 ans de gestion catastrophique de notre destinée commune ne suffisent pas.
Que cela va continuer tant que nous leur laisserons le pouvoir.
Plus de 20 civils ont été brûlés vifs de sang-froid dans leurs maisons, et nos dirigeants restent silencieux. Quand ils ne montrent pas clairement que pour eux, tout va bien, comme si ce sang versé ne comptait pas !
Comment en sommes-nous arrivés au point où l’on ose célébrer publiquement un jour qui devrait être un jour de deuil national ?
Après Ngarbuh, Kumba, Guzang, certains ont prié pour que quelqu’un se réveille et agisse. Eh bien, nous avons la réponse : NON!
Aujourd’hui, c’est Mamfe. Et nous savons, NOUS SAVONS que cela continuera si NOUS, Enfants de ma Terre, nous, ceux qui ne sont pas au pouvoir, ceux qui n’ont pas de voix parce qu’elle est coincée dans nos gorges, ceux qui n’ont pas de puissance parce qu’elle est contenue par nos bras serrés contre nos poitrines, si NOUS ne faisons rien.
« Mais ceux d’aujourd’hui ne font guère mieux, car avant de commettre leurs crimes les plus graves, ils les précèdent toujours de quelques jolis discours sur le bien public et le soulagement des malheureux. On connaît la formule dont ils font si finement usage : mais peut-on parler de finesse là où il y a tant d’imprudence ? »
– Jean de la Boétie, Discours de la Servitude Volontaire.
Ils vous diront « incitation à la haine », « ce sont des terroristes qui ont été neutralisés », « il ne faut pas tolérer le désordre et risquer l’insurrection ».
Mais ils ne disent plus rien à ceux et celles qui ont péri dans un massacre, dans l’incendie d’un hôpital, dans une exécution sommaire parfois filmée.
Et pour empêcher que notre tour vienne, nous n’avons que NOUS.
Me Michèle Ndoki